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LE SIONISME CHRETIEN - PARTIE I
A visage découvert.
Par le Docteur Ali MANJOUR.
Dix jours après le début de l’attaque américano-britannique contre l’Irak (le 20 -3 -2003), le Comité des affaires publiques israélo-américain (l’AIPAC : American Israël Public Affaires Commitee) a tenu son 44ème Congrès politique à l’Hôtel Hilton de Washington. Hasard bien significatif lorsqu’on sait que les débats ont concerné aussi bien la guerre contre l’Irak que le remodelage du Proche-Orient selon les vœux des extrémistes sionistes en Israël et…outre Atlantique.
Devant un parterre composé des plus éminents décideurs de la politique américaine, Colin Powell, Condolezza Rice, John Bolson, William Burns…et les sénateurs et membres du Congrès les plus influents tel Tom Lantos (Sénateur démocrate de Californie) et Tom Delay (président du groupe parlementaire républicain à la Chambre) à qui – et pour l’occasion – le prix “ Amis d’Israël ” a été décerné et à la suite de cela il a été félicité par ses amis présents : Ariel Sharon, Benjamin Netanyahu, Elliot Abrams, Paul Wolfowitz et Rudolph Giuciani, tous Juifs sionistes.
Les débats ont été ouverts par l’évangéliste Gary Bauer : “ Dieu a donné la terre au peuple juif, nul, ni l’ONU, ni l’Union Européenne, ni la Russie ni quelque Quartet ou Trio que ce soit ne peut décider pour cette terre qui ne leur appartient pas ”. Et de continuer : “ Il est obscène que l’Administration Bush exige des efforts supplémentaires du peuple d’Israël pour obtenir la paix ”(2).
Drôle d’ouverture des débats annonçant la couleur du Congrès et traçant la lignée politique à suivre dans un pays qui ne cesse de donner des leçons aux autres par la dénonciation systématique de l’intrusion du religieux dans les décisions politiques —surtout celles se rapportant aux relations internationales—, phénomène ne pouvant qu’aboutir à l’enraidissement et à l’ankylose de ces derniers.
Emboîtant le pas au fondamentaliste Gary Bauer, le ministre israélien des Affaires étrangères, Sylvan Shalom, a, d‘abord souligné dans son allocution la communauté de vue entre Tel Aviv et Washington en regrettant qu’Israël ne siège pas au Conseil de Sécurité “ pour soutenir fermement la guerre contre l’Irak. Ensuite, et dans le but de rappeler l’héritage religieux commun – aux Chrétiens et aux Juifs –, il a cité le prophète Jérémie en assimilant le bombardement de Bagdad au châtiment de Dieu contre Babylone (3).
Comme tout congrès de ce genre, la mobilisation doit être impeccable. Ainsi, à l’extérieur de la salle, l’association “ Debout pour Israël ” (Stand for Israël) a organisé une manifestation regroupant des Pasteurs protestants à titre de soutenir à l’AIPAC. D’autres associations (telle que “ Chrétiens sionistes ”) composées essentiellement des Baptistes du Sud ainsi que des cadres de l’Eglise de l’Unification du Révérend Moon, ont apporté leur soutien à la manifestation politico-religieuse.
Quant au récipiendaire du prix “ Amis d’Israël ”, Tom Delay, personnalité la plus influente au congrès, il a appuyé la thèse fondamentaliste en rappelant que “ la Bible, lorsqu’elle parle d’Israël, désigne l’Etat d’Israël et que, dès lors, le soutien personnel à cet Etat est un acte de foi qui ne souffre aucun compromis (4).
L’organisation de cette assemblée était cette fois si empreinte de marque religieuse qu’une bénédiction a été donnée par la figure représentative de la droite religieuse, l’Attorney general (Ministre de la Justice) John Ashroft, avec à ses côtés le rabbin Yechiel Eckstein et le mentor des fondamentalistes protestants Jerry Fallwell.
En se basant sur une lecture littérale de la Bible, héritage commun aux Juifs et aux Chrétiens, les participants n’ont pas manqué de faire état d’une communion certaine dans un même acte de foi. Dans une même religiosité.
Quoi de plus clair pour répondre à tous ceux qui croient que le sionisme – c’est-à-dire la colonisation de peuplement de la Palestine et la domination du monde musulman – n’est pas uniquement d’essence juive. Nier le sionisme chrétien, tant sur le plan religieux que politique, relève de la malhonnêteté intellectuelle ou de l’ignorance totale de la question. Comme le souligne parfaitement Thom Saint Pierre : “ La plupart des Chrétiens sionistes estiment qu’à la bataille d’Armagedon, les Juifs devront reconnaître Jésus comme Christ ou être précipités aux enfers. De leur côté, les Juifs sionistes considèrent que cette divergence de vue ne s’exprimera qu’à la fin des temps et que pour le moment, tout soutien pour Israël est bon à prendre. Les stratèges du “ clash des civilisations ” se satisfont pleinement de cette fusion intellectuelle pourvu que se constitue une alliance contre le Monde musulman (5).
L’arrivée de G.W. Bush au pouvoir, grâce à la coalition des Néo-conservateurs avec les fondamentalistes chrétiens, a scellé davantage les liens entre les Juifs sionistes et les Chrétiens sionistes. Depuis, ces derniers, se sentant forts du soutien présidentiel, n’ont cessé d’agir à visage découvert avec combien d’arrogance et de provocation à l’encontre du monde musulman.
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Sources : Lien vers http://www.realites.com.tn/index1.php?mag=1&cat=/10025555550000550000000IRAK/1La résistance du peuple&art=9833&a=detail1>
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