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  LES DANGERS DU SIONISME 

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LE SIONISME CHRETIEN - PARTIE VII

Nouvelles prophéties et nouveaux messages.  
 
Par le Docteur Ali Menjour 
 
“Selon l’édition 1996 de l’Encyclopedia Of American Religion, on comptait aux Etats-Unis plus de deux mille cent cinquante confessions religieuses organisées, depuis les Eglises traditionnelles jusqu’aux organisations farfelues dotées de noms tels New Enligertened Inspired Living, Nudist Christian Church of the Blessed Virgin Jeans et Original Hebrew Israelite Nations” (Mark a. Noll) (1).  
 
“Depuis leur fondation, les Etats-Unis sont à la fois un frère prêcheur et une terre d’accueil. Ils ont toujours vécu cette dualité, ils ont toujours hésité entre ces deux tendances, et chez eux le Catholicisme et le Protestantisme n’ont pas les mêmes caractéristiques qu’ailleurs. D’une manière plus générale, le drame survient toujours lorsqu’une société ne sait pas distinguer entre le politique et le religieux” (Jacques Delors) (2.)
 
 
A l’heure où l’équipe du président américain Bush mène une campagne sans répit contre tout ce qu’elle considère comme “ terroriste ”, y compris Palestiniens et Irakiens qui défendent, dans un combat trop inégal, leur terre, leurs vies et leur honneur ; à l’heure où hommes politiques et militaires de haut grade américains traitent, avec combien de racisme et de haine, les Arabes et les Musulmans et n’hésitent pas à insulter, au vu et au su de l’opinion publique mondiale, l’Islam, une religion de plus d’un milliard d’êtres humains, et son prophète, sachant d’avance qu’ils ont l’immunité présidentielle ; à l’heure où les organes de presse américains, sous le contrôle des Néoconservateurs et de la droite chrétienne ainsi que certains de leurs homologues britanniques mènent, tambour battant, des vagues successives de campagnes pour créer et entretenir l’amalgame entre terrorisme et Islam ; à l’heure où les dirigeants des pays musulmans, profondément indignés par la mégalomanie et l’arrogance de l’équipe dirigeante américaine actuelle, ne peuvent exprimer publiquement leur désapprobation – comme au temps où le groupe des pays non-alignés était une force réelle – par crainte de subir toutes sortes de représailles, économiques, financières, technologiques et autres à l’encontre de leur pays, par ces temps donc, où la licence est permise, où le mensonge et la manipulation de l’opinion publique sont autorisés pour perpétuer les crimes les plus odieux et mener les guerres les plus meurtrières et les plus dévastatrices ; par ces temps où les lieux saints sont profanés, où le patrimoine d’un peuple – ou plutôt de celui de l’humanité – est sciemment saccagé ; bref, par ces temps où l’être humain sans défense (prisonniers, vieillards, femmes, enfants et handicapés) est réduit à moins qu’une bête, à moins que rien ; par ces temps où tout cela est commis par ceux qui brandissent l’étendard du “ monde libre ”, de la “ démocratie ” et des Droits de l’Homme, nous considérons que le silence devant de pareils actes inhumains est aussi criminel. Pourquoi tant de mal a-t-il été perpétré, peut se demander chacun? N’était-il pas dans la possibilité des Etats-Unis d’éviter de souiller leur image de marque ?  
 
A travers les discours de ceux qui tracent le chemin à suivre au président américain, ce serait pour combattre l’intolérance religieuse et essentiellement l’intégrisme musulman. Si cela est vrai, est-ce avec les mêmes moyens et le même état d’esprit que celui des commanditaires des attentats du 11 Septembre que les Américains sont censés leur répondre ? “ Pour les Européens, les Etats-Unis, qui sont un grand pays à bien des égards, ont beaucoup trop de points communs avec les forces qu’ils entendent combattre ”, écrit Andrew Reding, et de poursuivre : “ leur gouvernement est trop réceptif aux exigences des fondamentalistes religieux. Afin de se conformer à des concepts moraux de nature religieuse, il prive ses citoyens des certaines libertés individuelles. Et sa réaction instinctive à la violence perpétrée par les extrémistes islamistes est d’appeler à la ‘‘guerre’’ et à la ‘‘croisade’’ contre le ‘‘mal’’. En quoi, se demandent les Européens, cela est-il différent des appels au Jihad contre ‘‘le Grand Satan”” (3).  
 
Il est actuellement prouvé que l’alliance entre Néoconservateurs et droite chrétienne a été scellée grâce à une identité de points de vue certaine que nous allons détailler dans notre prochaine série d’articles. Le plus apparent est la lutte permanente et à tous les niveaux contre certains pays musulmans afin de renforcer l’hégémonie israélienne dans la région et dans un but politico-religieux. C’est ce qui a fait dire à un haut responsable du Département d’Etat, sous couvert de l’anonymat en parlant de Richard Perle, une des éminences grises du Président Bush :  
 
“ Perle a réussi à faire renverser Saddam ; il menace l’Iran et la Syrie. L’Arabie Saoudite est également dans sa ligne de mire, et l’Egypte commence à se sentir très mal à l’aise. Si ce n’est pas une guerre contre le monde musulman, dites-moi ce que c’est ! ” (4).  
 
L’attitude négative exprimée ouvertement, à plusieurs reprises et par plusieurs responsables américains à l’encontre des pays musulmans et qui vise de plus en plus les valeurs de l’Islam et ses principes, n’est pas née des attentats du 11 Septembre. Elle est plutôt due à l’ancrage dans les esprits de beaucoup d’Américains d’une certaine foi judéo-chrétienne, qui, de nos jours, les oblige à soutenir sans réserve et sans limite tout ce que font les Israéliens – y compris les plus extrémistes d’entre eux – sur la base d’une lecture littérale de la Bible. En effet, du moment que leur exégèse ne voit aucune différence entre le peuple juif évoqué dans sa valeur historique dans l’Ancien Testament et le peuple actuel d’Etat d’Israël, le verset de la Genèse (12 :3) “ Je bénirai ceux qui te bénissent et maudirai ceux qui te maudissent ” devient une injonction, un acte de foi. A propos de la judéo-chrétienté et des sectes judéo-chrétiennes, force nous est de constater qu’il en existe plusieurs : “ Il faut savoir qu’à l’origine, l’Amérique était le refuge de ceux que leur religion menait en prison ”, écrit Peter Scowen, rédacteur en chef de la rubrique Entertainment du Toronto Star, et il ajoute : “ Elle était et demeure, note le Scientific American, “ un marché libre sur le plan religieux, et un marché libre favorise la concurrence entre les diverses confessions qui cherchent à attirer de nouveaux membres ” (5).  
 
Parmi ces sectes, nous vous avons choisi trois. Commençons par la plus originale.  
 
LES MORMONS 
 
Dans “ L’Eglise des Saints des derniers jours ”, seuls les Saints ou Mormons échapperont à la destruction finale quand Jésus reviendra sur terre, car d’après eux, ils sont les seuls parmi les Chrétiens à avoir reçu l’instruction de la véritable révélation. Oui, les Mormons croient que eux seuls détiennent la vraie révélation. Et, donc, seuls eux parmi les Chrétiens vont être ressuscités lors du second Avènement du Christ.  
 
Quelle est cette secte ? Et que veut dire Mormon ? Comme on va le voir, son histoire est réellement invraisemblable. Elle m’a paru tellement bizarre et surprenante que j’ai dû la vérifier chez différents auteurs. Parmi eux, Pierre Carnac, docteur en histoire et chercheur au CNRS.  
 
Venons-en au récit…  
 
Le fondateur est Joseph Smith (1805-1844), né à Sharon dans le Vermont, d’une mère accoutumée à la fréquentation des phénomènes mystiques et d’un père à la grande renommée de sourcier qui, rapidement, l’éduqueront à la course aux trésors. C’était l’époque de la ruée vers l’or. Quant à l’Est des Etats-Unis, il était le terreau fertile des mouvements dits du “ Réveil ” que sont les méthodistes, les baptistes et les harmonistes. La plupart de ces sectes et de ces mouvements religieux ont vu le jour parmi les Quakers, dont le nom désigne les convulsions et les tremblements qui saisissaient les fidèles lors des manifestations de l’Esprit Saint. Ces mouvements religieux ont vu le jour en Angleterre. Mais, du moment qu’ils n’ont jamais accepté de reconnaître ni la hiérarchie sacerdotale ni les sacrements et qu’ils ne concevaient la prière qu’entre amis, ils étaient haïs et persécutés par les Anglicans. D’où leur émigration vers l’Amérique.  
 
Dès son jeune âge, Joseph Smith, dérouté, ne pouvait admettre les discours contradictoires et parfois même rivaux des prédicateurs qu’il écoutait passionnément. Et vint le “ Salut du Ciel ”! A l’âge de 18 ans, il fut gratifié d’une révélation. En effet, le 21 septembre 1823, un ange du nom de Moroni est venu lui confier “ qu’un Livre était caché, contenant l’histoire des premiers habitants de ce continent et faisant connaître leur origine . L’Evangile éternel y était contenu dans sa plénitude, tel qu’il avait été donné par le Sauveur aux anciens habitants ” (7).  
 
C’est ce qu’on appelle de nos jours le Livre des Mormons. Pour mieux comprendre l’histoire des Mormons et celle de l’Ange Moroni, cédons la parole à l’éminent professeur Pierre Carnac : “ Mais qui était, en fait, ce fameux Moroni ? Pour l’apprendre, il faut lire l’histoire de l’Amérique précolombienne écrite différemment de celle qu’on enseigne dans les collèges et universités. Ainsi, selon cette variante sui generis des débuts du monde américain six cents ans avant notre ère, un groupe d’Hébreux, les Néphites, ayant été avertis de l’imminente destruction de Jérusalem, quitta Israël, emportant avec eux les écritures hébraiques de l’époque. Après bien des tribulations, les Néphites arrivèrent en Amérique où ils furent rejoints plus tard par les Mulékites, un autre groupe hébraïque migrateur. Les deux peuples s’unirent sous la férule d’un roi sage, le dénommé Mosiah. Les hommes de ce dernier découvrirent un jour un écrit “ composé de caractères très antiques ”, réalisé sur vingt-quatre plaques d’or. Des épopées incroyables s’ensuivirent. Le Christ lui-même arriva en Amérique après sa résurrection. Mais les Néphites, victimes d’un mauvais sort, furent attaqués par les peuples voisins et leur civilisation détruite. Heureusement, avant cette destruction, Mormon, grand général et prophète néphite, constitua les annales de son peuple et les abrégea. Ces documents furent cachés, après la catastrophe, par Moroni, le fils du précédent, en un endroit sûr. Ce Moroni qui, devenu ange par la Grâce de Dieu, devait les révéler à Joseph Smith en 1830. La boucle est bouclée ; les fondements prétendument historiques de la nouvelle “ Eglise ” sont tirés au clair. Et, modestement, mais sûrement, la religion des Mormons survit. Depuis 1960 et jusqu’en 1970, plus de trois millions sept cent mille exemplaires du livre de Mormon ont été achetés par le public américain ” (8).  
 
Il est à noter que Joseph Smith, qui s’est pris pour un prophète, est mort lynché. Malgré cela et comme le souligne Pierre Carnac, le Mormonisme a survécu. Ce que nous devons retenir de cette légende à la grecque où les individus sont transformés en anges, c’est que d’abord les vrais habitants de l’Amérique sont des Hébreux. Ensuite, lors de sa résurrection, Jésus-Christ les a visités en Amérique pour qu’ils soient les dépositaires de l’Evangile, source de foi chrétienne. N’est-ce pas là une belle astuce pour ériger et raffermir le socle de la Judéo-chrétienté ? Dans ce même sens, d’autres sectes sont venues consolider encore plus cet édifice.  
 
LES TEMOINS DE JEHOVAH 
 
A la mort du père du sionisme politique, Theodor Herzl, le mouvement sioniste chancela. Comme on pouvait s’y attendre, ce fut un de ces sionistes chrétiens qui vint encore une fois à la rescousse (le premier était le Révérend William Hechler, qui a propulsé Th. Herzl dans les cours impériales austro-hongroises et prussiennes (Réalités n° 970/971). En effet, en 1910, un Chrétien, Charles Taze Russel (1852-1916), grand ami des Juifs et étudiant versé dans les prophéties hébraiques, écrivit douze articles sous le titre “ Le peuple choisi de Dieu ”. Il faut dire que cet ancien adventiste qui, en 1884, avait officiellement organisé son mouvement sous l’appellation de “ Zion’s Watch Tower Tract Society ”, avait écrit en 1891 – alors que Herzl était encore un fervent assimilationniste – un livre “ Que ton règne vienne ” dans lequel on trouve un long chapitre “ Le Rétablissement d’Israël ”. Les douze articles parurent dans le magazine à grand tirage Overland Monthly . Pour son adhésion totale à l’idéologie sioniste, il fut invité à prendre la parole au cours d’une importante réunion juive à l’hippodrome de New York en cette même année 1910. Plus de quatre mille représentants juifs assistèrent à ce meeting et furent enthousiasmés lorsqu’il leur parla de leurs propres prophéties hébraïques, les assurant du retour de la faveur de Dieu et d’un avenir glorieux pour les Juifs installés en Palestine. L’intérêt qu’il portait à cette question l’a amené à publier un journal en yiddish (mélange d’hébreu et d’allemand), langue parlée de la quasi majorité des Juifs new yorkais de l’époque, ayant émigré de l’Europe de l’Est.  
 
A propos de ces sectes millénaristes d’essence judéochrétienne, nous aimerions ouvrir une parenthèse pour dire que nous sommes conscients que nos articles peuvent tomber entre les mains de lecteurs qui connaissent la question. D’où, aux uns et aux autres, on peut affirmer que l’explication convaincante de l’émergence de pareilles sectes au sein de la Chrétienté passe inéluctablement par la connaissance des traits d’union entre les fois juive et chrétienne au cours des siècles, à savoir la relation entre la Kabbale juive et la Kabbale chrétienne (pour simplifier on peut dire entre les deux types d’ésotérisme). Chemin faisant, lorsqu’on lit qu’un Charles Taze Russel a étudié les prophéties hébraïques ou que le révérend William Hechler s’intéressait aux prophéties bibliques et cherchait à connaître comme Russel la date du début du second Avènement, il devient facile pour un lecteur averti ayant une idée sur ces deux types de kabbale et de leurs influences réciproques, de comprendre le fond de la pensée de tel théologien ou de tel homme politique ainsi que l’origine de tel mouvement messianique ou telle secte millénariste.  
 
Revenons aux Témoins de Jehovah… 
 
Leur rapprochement théologique du Judaïsme les a conduits à bannir toute collaboration avec les autres églises ou groupes chrétiens, spécialement avec le Catholicisme (9). Du moment que Russel était bien influencé par les prophéties hébraïques, il avait prédit qu’en août 1914, date de la destruction du Temple, commencera le Millenium. Lorsque le 1er août 1914, l’Allemagne a déclaré la guerre à la Russie, les adeptes de Russel ont commencé réellement à croire à ses prophéties. Mais la vie, au cours de la guerre ou après, a continué son cours. Après sa mort, son prédécesseur J. F. Rutherford, écrivain prolifique, n’a pas hésité à écrire un enseignement. Suivant de près ce qui se passait en Palestine, Rutherford avait prédit la ressurrection des Justes pour 1925 et l’introduction du Millenium. En fin de compte, il est mort en 1942, sans avoir vu le retour des patriarches pour lesquels il avait fait bâtir une maison en Californie.  
 
Comme l’écrit Pierre Cornac dans “ Prophéties et prophètes de tous les temps ”, il est difficile de recenser toutes les prophéties et toutes les sectes.  
 
En ce qui nous concerne, on ne peut pas terminer cet article avant de parler d’un autre groupement religieux aux USA, lui aussi messianiste millénariste, et dont la voix de ses adeptes d’aujourd’hui est largement prépondérante au sein de la “ Coalition chrétienne ” : ce sont les Fondamentalistes.  
 
LES FONDAMENTALISTES 
 
Pour des raisons de propagande, lorsque, de nos jours, on prononce le mot “ fondamentaliste ”, chacun pense automatiquement aux “ fondamentalistes musulmans ”, aux “ intégristes musulmans ”, au “ terrorisme islamiste ” etc. Chacun sait que nous vivons depuis longtemps l’ère de la désinformation et de la manipulation de l’opinion publique par les médias, qui sont la propriété des complexes militaro-industriels. Par contre, il est du droit de tout homme libre de ne pas se laisser duper. Ceci s’applique aussi et surtout aux journaux, quelle que soit leur renommée. Il est inutile que le New York Times ou le Washington Post fassent leur mea-culpa après la guerre contre l’Irak suite à l’excès de confiance qu’ils avaient dans les informations diffusées par l’équipe de Bush sur les armes de destruction massive. Entre temps, beaucoup de mal a été fait à l’Irak et l’économie mondiale commence à vivre le dérèglement et la récession.  
 
A propos de fondamentalisme, il est important de savoir que la transposition d’un concept d’une civilisation à une autre ne doit d’aucune manière faire oublier le cadre socio-culturel et historique de la société qui l’a créé.  
 
Pour le mot “ fondamentalisme ”, on peut, d’ores et déjà, affirmer qu’il est né aux USA au sein de certains groupes protestants, se maintenant à une lecture littérale de la Bible et exhortant les fidèles à s’opposer à la théorie de Darwin : “ Entre 1910 et 1915, aux Etats-Unis, circulent trois millions d’exemplaires de ‘‘Les Fondamentaux’’. Un témoignage de la vérité, publication évangélique distribuée gratuitement et qui dénonçait les trois fléaux diaboliques du monde moderne : le Darwinisme, le Catholicisme et le Socialisme ”, écrit Jean-Marc Fombonne (10).  
 
En effet, lorsqu’en 1859, Charles Darwin publia “ De l’origine des Espèces au moyen de la sélection naturelle ou la lutte pour l’existence dans la nature ”, un essai sur l’évolution, les théories dites “ fascistes ” selon lesquelles chaque espèce est née d’un acte divin autonome explosèrent. Du moment que les “ Théories fascistes ” sont en flagrante contradiction avec celles de Darwin qui soutenait que les formes se transforment les unes à partir des autres et que tous les vivants subissent d’incessants changements pour répondre à d’interminables besoins de réadaptation, pour ceux qui s’en tiennent à une lecture littérale de la Bible, de pareilles idées scientifiques ne sont bonnes qu’à être combattues. Comme ce fut le cas des Témoins de Jéhovah qui interdisent la transfusion sanguine. Connaissant tout cela, on peut se demander quand le mot Fondamentaliste a été employé pour la première fois et dans quelle circonstance ? “ On pense que ce mot fut d’abord prononcé au cours d’une conférence sur la Bible tenue à Niagara Falls en 1910, en réaction à ce que l’on considérait comme un affaiblissement de la morale et des valeurs protestantes ”, écrit Peter Scowen, et d’ajouter “ Les frères Milton et Lyman Stewart publièrent “The Fundamentals”, diatribe en douze volumes qui exhortait les Protestants à revenir à une interprétation de la Bible ; tellement stricte était cette lecture qu’elle obligeait ses adeptes à croire qu’Adam et Eve avaient entouré leur demeure d’une clôture pour se protéger des dinosaures ”(11).  
 
Les thèses fondamentalistes ne sont jamais restées lettre morte. En 1925, un procès s’ouvrit dans l’Etat du Tennessee, connu sous l’appellation de “ Procès Scopes ”, du nom d’un enseignant qui a été poursuivi par les tribunaux pour avoir enseigné la Théorie de l’évolution. Scopes perdit le procès et se vit imposer une amende de 100 dollars, bien que la Constitution américaine ait décrété dans son Premier amendement la séparation de l’Eglise et de l’Etat. Depuis, le mouvement fondamentaliste cessa d’appartenir aux grands courants religieux du pays. Et il entama un travail de fond bien étudié : “ Les fondamentalistes créèrent plutôt un réseau d’organisations non confessionnelles qui s’étendit rapidement et qui comprenait, entre autres, des maisons d’édition, des conseils de mission et des stations de radio. Quelque soixante-dix instituts bibliques, répartis dans tout le pays, formaient le centre de ce réseau ” (12).  
 
Ce n’est qu’après la Deuxième Guerre mondiale que les efforts des fondamentalistes dans l’éducation religieuse ont commencé à donner leurs fruits et c’est alors qu’ils transformèrent en grandes vedettes un de leurs prédicateurs, Billy Graham. Les discours intégristes et populistes de ces prédicateurs ont été la cause du fracassant succès durant les années 1970, au moment où l’Amérique était critiquée de toutes parts et où l’âme américaine se sentait quelque peu à la dérive et était en quête de renouveau. “ Le fondamentalisme avait toujours été associé au patriotisme, au militantism, au libre marché ; lorsque ces sentiments redevinrent à la mode dans l’Amérique de l’après-Vietnam et de l’après- Watergate, les fondamentalistes , politiquement motivés, qui avaient toujours rêvé de recréer une “ Amérique chrétienne ”, tinrent un rôle important et manifeste dans la renaissance de la droite ” (13).  
 
C’est à cette époque, en 1979, qu’un autre prédicateur, Jerry Falwell, créa “ Moral Majority”, qui fut un facteur clé de l’élection en 1980 de Ronald Reagan. La cause de sa dissolution en 1987 dans “ Christian Coalition ”, sept ans après sa création, est significative du degré de religiosité et de la vertu de ses dirigeants. En effet, victime de la mauvaise gestion d’un grand nombre de ses adeptes, avec à leur tête un dirigeant connu, Jim Baker, qui trompait sa femme (Tammy Faye) et était condamné pour fraude, la “ Moral Majority ” a disparu. Elle s’est dissoute dans la “ Coalition chrétienne ” de Pat Robertson, dont le discours et l’attitude religieuse ne connaissent ni la modération ni la tolérance et encore moins le pardon chrétien. Ex-patron de la chaîne de télévision The Family Channel, voilà ce qu’il annonça à propos des futures élections américaines et du rôle des USA dans le monde : “ J’entends Dieu me dire que l’élection en 2004 sera une explosion et que Georges W. Bush gagnera facilement. Peu importe ce qu’il fait, bien ou mal, Dieu le soutient car c’est un homme pieux et Dieu le bénit ” (14).  
 
Dans son manifeste “ The New World Order ”, Pat Roberston met en exergue la vocation messianique de l’Amérique en estimant qu’il “ n’y aura jamais de paix mondiale avant que la maison de Dieu et le peuple de Dieu n’assument leur rôle de leadership à la tête du monde ” (15).  
 
Il est regrettable de constater qu’après avoir vaincu l’Allemagne nazie et sauvé l’humanité, les Etats-Unis d’Amérique, au summum de leur puissance, se laissent piéger en acceptant de devenir hostiles aux cultures des autres et en refusant de se soumettre au droit international sous l’influence de la pensée religieuse de beaucoup de leurs théologiens et hommes politiques. Pensée qui s’articule sur le Millénarisme et la venue du Messie. Argument déjà évoqué. “ Que propose le Millénarisme nazi ?, écrit Jean-Marc Fambonne. Une promesse, pour la communauté, de bonheur collectif, un destin terrestre, le bonheur adviendra dans ce monde, la promotion de l’homme nouveau ”(16).  
 
Comme pour se disculper de toute forme d’obscurantisme à l’origine de la naissance de leur mouvement, les dirigeants fondamentalistes se sont distancés de ce qualificatif et l’ont remplacé par “ évangélique ”, concept plus pieux. Quant au mot “ Fondamentaliste ”, du moment qu’il leur rappelle la contradiction entre le Sacre et la Raison, ils l’ont collé à ceux qu’ils veulent les plus souillés. Depuis mille ans, le philosophe Averroes (Ibn Rochd) a démontré la possible conciliation entre la Religion et la philosophie en Islam.  
 
FIN 
 
 
 
REFERENCES BIBILIOGRAPHIQUES 
 
1) Mark A Noll, “ Religion ”- The Oxford companion United States History, édition 2001 (p 658).  
 
2) Jeune Afrique l’Intelligent (N° 2262, Interview de Jacques Delors (p 35).  
 
3) Andrew Reding, “ Quid Pro Quo : Europe Needs U.S. to Recoguize EU Power ”, World policy org (30 octobre 2001).  
 
4)“Le monde secret de Bush”, Eric Laurent, ed. Plon (p 153).  
 
5)“Le livre noir des Etats-Unis”, Peter Scowen , ed. Mango Document (p 193).  
 
6)“L’Espérance et l’apocalypse”, Jean Marc Fombonne, ed. du Félin (p 82).  
 
7)Idem (p 83).  
 
8)“Prophéties et Prophètes de tous les temps”, Pierre Carnac, ed. Pygmalion Gérard Watilet (p 67).  
 
9)“Dictionnaire de l’histoire du christianisme”, ed. Albin Michel (p 1001).  
 
10)“L’espérance et l’Apocalypse”, Jean Marc Fambonne, ed. du Félin (p 76).  
 
11)“Le livre noir des Etats-Unis”, par Peter Scowen, ed. Mango Document, (p 194,195). Peter Scowwen est rédacteur en chef de la rubrique Entertainment du Toronto Star et il était de 1993 à 1998 rédacteur en chef et chroniqueur du Mirror puis au Hour, deux hebdomadaires culturels montréalais.  
 
12)William Vance Trolling Jr. “ Fondamentalist ovement ” - The Oxford Companion To United, States histoy, ed. 2001 (p 295).  
 
13)“Fundamentalis Movement” (p 295,296).  
 
14)“ Les Evangéliques, la secte qui veut conquérir le monde ”, Nouvel observateur N° 2051 (p 8).  
 
15)Même référence que la précédente.  
 
16)“L’Espérance et l’Apocalypse”, Jean-Marc Fombonne, ed. du Felin (p 28).  
 
Sources : Lien vers http://www.realites.com.tn/index1.php?mag=1&cat=/10025555550000550000000IRAK/1La résistance du peuple&art=10182&a=detail1>

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